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Mon premier roman

publié le 14 avril 2024

Crois-le ou non, mais j'ai écrit mon premier roman à l'âge de 13 ans ! Alors clairement, il manquait de profondeur, de structure, d'émotions, etc. mais il a le mérite d'avoir existé et d'avoir été le premier projet long.


Write Ideas book on brown wooden board
Tout commence avec une idée.

Je dis premier projet long car des projets courts, j'en ai eu d'autres. Mes premières expériences avec l'écriture remontent à l'enfance, en période prépubertaire, quand j'écrivais dans des journaux intimes. Tu vois, ceux avec un cadenas que tu peux exploser avec n'importe quel objet un peu lourd ? J'en ai même eu un avec des chevaux dessus, alors que ce n'était pas un animal qui m'intéressait particulièrement, que je trouvais surtout impressionnant car grand (déjà que je suis petit adulte, alors à huit ans, imagine... En plus, j'étais - et je suis toujours - allergique). Après j'en ai eu des ultras basiques aussi, tant que je pouvais écrire dedans, ça me convenait.

Et j'écrivais de tout. Je racontais mes journées, mes pensées, mes émotions. En vrai, c'est super important dans l'histoire de ma personne, parce que j'ai appris plusieurs choses de cette façon. La première, à me poser pour me questionner sur ce que je pense et ce que je ressens. C'était brouillon, mais avec le recul, tellement adorable de voir les prémisses du Cailean d'aujourd'hui. Je sais que ça fait longteeeeemps que la psychologie humaine m'intéresse, que les comportements humaines me fascinent, mais c'est une chose de le savoir et une autre de retrouver des traces de mes premiers questionnements. D'ailleurs, au début de mon adolescence, je pensais devenir psychologue. Cette idée a rapidement été évacuée car je ne voulais pas écouter les problèmes des gens toute la journée, ce qui assez drôle quand on connaît mes choix professionnels, mais je pense qu'à l'époque, je n'étais pas prêt à entendre les autres, tant que je ne me comprenais pas moi-même. Aujourd'hui, je n'écris plus de journaux intimes, j'ai d'ailleurs beaucoup de mal avec la régularité, mais je trouve la pratique du journaling hyper intéressante pour poser des mots sur nos vécus, surtout en période de stress, de dépression ou lorsqu'on vit une évolution personnelle importante.

Le premier écrit à proprement parler, c'était une nouvelle pour un concours... *roulement de tambour* avec comme thème le journal intime. Comme quoi... Je me souviens que j'avais comme consigne d'écrire en je (assez logique finalement), que c'était un concours pour toute la francophonie à condition d'être en secondaire (niveau collège, il me semble ; en tout cas, c'était mon cas), et j'avais fini avec un 8/10, dans mes souvenirs. J'étais assez déçu de ne pas avoir été davantage remarqué que ça, j'aime que l'on me distingue sans pour autant gagner. A l'heure actuelle, c'est toujours le cas, et j'ai d'ailleurs pris de fameuses claques lors de mes concours fanfictions il y a quelques années. Mais ça, peut-être que je t'en parlerai plus tard. Ce que je retiens par rapport à ce premier concours, c'est que j'avais déjà une plume assez sombre, puisque j'y ai parlé de racisme, d'anorexie et de suicide, preuve que j'avais ​des émotions à exprimer, que quelque chose me dévorait de l'intérieur et que j'avais besoin de l'exprimer.

Ensuite est arrivée la période des blogs sur internet, j'ai connu skyblog et skyrock, où je lisais des fanfictions sur Tokio Hotel avec des illustrations tout droit venues des Sims. Honnêtement, je n'ai aucun souvenir de ce que je lisais, je me rappelle juste vaguement d'une histoire écrite par une ado un peu plus âgée que moi, 17 ans, qui adorait aussi regarder Disney Channel et en particulier Hannah Montana, et puis écouter Tokio Hotel aussi, de fait. Et c'était une histoire d'amour. C'est ce qui m'a donné en vie d'écrire ce fameux premier roman.

Avec le recul, c'était vraiment claqué au sol, mais je sais que j'avais l'envie de faire quelque chose de bien. Tellement que, comme j'écrivais sur Tokio Hotel, un groupe allemand, je demandais à mon parrain de traduire tous les dialogues. Evidemment, il était intrigué, il a voulu savoir ce que j'écrivais, et j'étais trop fier parce que j'avais écrit un livre du début à la fin, et du coup, je l'avais montré à ma mère aussi. Et leur réaction, ça a été du malaise, parce qu'il y avait des scènes de sexe dedans, et qu'iels n'avaient pas prévu d'être confronté-e-s à ça, à ce moment-là, venant de l'ado qui n'en parlait jamais. Genre, on met bien loin le fait qu'à treize ans, je me posais des questions sur la sexualité, ce qui est tout à fait normal. Mais sur le coup, j'ai vraiment eu honte, je me suis même senti sale, et je pense que ça a conditionné le fait que je n'ai plus voulu parler de ce sujet avec ma famille. Pourtant, je m'en souviendrai toujours de ce roman, pas dans le contenu, mais en substance. Le fait que j'imaginais une vie au groupe en-dehors de la musique, avec leur cousine, que j'avais appelée Maud, donc j'avais déjà le souci des prénoms cohérents par rapport à l'origine / le lieu de vie. Puis en fait, j'ai dû prévoir la réaction de mon entourage, puisque le livre se termine sur les parents confronté-e-s à la sexualité de leurs enfants (pour rappel, à l'époque, les membres du groupe avec genre 17-18 ans) et ça avait créé des tensions. Encore une fois ça n'avait rien de profond dans les dialogues, mais l'idée était là, et quelque part, je pense que j'avais déjà cet intérêt pour (non, pas le sexe bande de coquinous) les conséquences d'une mauvaise communication ou d'une absence de communication. Plus tard, j'y reviendrai dans mes différents écrits, mais pour aujourd'hui, je vais terminer cet article par une interview que m'a donné C.B., une aspirante en journalisme.


Interview

a tripod with a camera attached to it


C.B. : Qui est la première personne à t'avoir soutenu dans tes projets d'écriture ?

Le scribe émotionnel (SE) : La première personne, c'est Charlotte. On avait été étudiant-e-s assistant-e-s social-e-s ensemble, diplômé-e-s quelques mois auparavant. On parlait beaucoup à ce moment-là, et je lui partageais mes découvertes en matière de fanfictions Harry Potter. C'était tout nouveau pour moi, mais après trois semaines, je parlais déjà d'écrire ma propre fanfiction. Je voulais attendre je ne sais plus trop quoi pour commencer, mais Charlotte m'a convaincu qu'il n'y avait rien à attendre. Juste à se lancer. Et elle avait raison. Je lui ai alors demandé de me relire avant publication, elle a accepté et elle m'a suivi dans mes premiers écrits en ligne.

C.B. : ​L'élément déclencheur, du coup, c'est...

S.E. : Lire, c'est une grande source d'inspiration. Un élément va me donner envie de faire une histoire sur base de cet élément avec ma petite touche personnelle. Par exemple, quand j'ai commencé à lire des fanfictions Harry Potter, j'ai voulu imaginer une suite réaliste, une fois les personnages adultes. A ce moment-là, j'ai écrit du point de vue de Hermione, alors universitaire. Après, ça c'est l'idée vide, c'est un contexte sans liens ni construction. L'idée qui va déclencher l'écriture à proprement parler, c'est la musique. Une chanson va déclencher tout un univers, et je suis parti. Pour cette fameuse histoire où Hermione est universitaire, Oxymoron desti, c'est la chanson L'amour toujours de Gigi d'Agostino qui est à l'origine de tout.

C.B. : Est-ce que tu te souviens des émotions que tu as ressenties la première fois que tu as écrit ?​

S.E. : Ouh là ! Absolument pas. J'imagine que j'étais heureux, parce que c'était un nouveau projet excitant. Je ne savais pas où j'allais, je n'avais pas de plan, mais la créativité, ça m'apporte toujours cette joie. Mais j'ai éprouvé cette même joie par la suite avec un plan (rires).

C.B. :Est-ce que tu as un rituel quand tu écris ?

S.E. : La musique. J'ai toujours besoin de me remettre dans l'ambiance musicale de mon roman, dans son ensemble, mais aussi et surtout, dans l'ambiance du chapitre en cours d'écriture. Ca me permet de me connecter aux émotions des personnages, et donc de favoriser la transmission de ces mêmes émotions aux lecteur-trice-s.

C.B. : Si je comprends bien, selon toi, ce qui fait qu'un roman est qualitatif, c'est notamment sa capacité à transmettre des émotions.​

S.E. : Oui ! En fait, plus globalement, ce qui m'intéresse, c'est le réalisme. Et pour que les personnages soient réalistes, il faut que l'on puisse 1) se connecter à leurs émotions et 2) ressentir des émotions à "leur contact". Des fois, on ne comprend pas un personnage, ses comportements, mais il faut que ça suscite quelque chose à la lecture, par exemple l'agacement, parce que c'est terriblement humain de ressentir de l'agacement pour d'autres personnes. Envers des personnes qu'on aime ou qu'on ne supporte pas, d'ailleurs. Envers des personnages qui nous ressemblent, souvent. Du coup, j'aime bien quand on me dit qu'un personnage est agaçant, je vais avoir envie de comprendre pourquoi pour savoir si j'ai réussi mon coup (rires). 

C.B. : Je suppose que, comme tout-e auteur-trice, tu as déjà été confronté au syndrome de la page blanche. Comment fais-tu pour le vaincre ?

S.E. : Au début, c'était vraiment compliqué à gérer parce que j'ai des périodes entières (plusieurs mois par an !) durant lesquelles je ne parviens pas écrire. Je me forçais, ça me faisait du mal, j'avais peur que l'écriture, l'inspiration ne me revienne pas. Et puis je me suis rendu compte que c'était cyclique. Je vais avoir des périodes très productives et d'autres qui sont plutôt des périodes où je vais me nourrir. De la vie, de lecture. Et tout ça va m'inspirer. Après, en phrase d'écriture productive, parfois je vais avoir plus difficile de m'y mettre. La fatigue généralement en cause. Dans ces cas-là, la musique va beaucoup m'aider, c'est pour ça que c'est un rituel important. Mais aussi le fait de relire ce que j'ai déjà écrit pour me remettre "dedans".

C.B. : Tu dis que la vie va t'inspirer. Est-ce que tu t'inspires d'éléments de ta vie perso ?

S.E. : Oui et non. Il y a plusieurs niveaux d'inspiration. Le premier niveau, c'est le réalisme. Par exemple, pour les émotions, je vais aller puiser dans mes propres émotions, les pensées qu'elles génèrent, les ressentis physiques... pour les retranscrire sur papier. Le deuxième niveau, ce sont des éléments qui sont importants pour moi, mais qui ne sont pas ma vie réelle dans la façon dont je vais les amener. Par exemple, je vais parler d'un personnage transgenre, parce que c'est important pour moi d'en parler, mais ce personnage ne sera pas moi. Enfin, le troisième niveau, ce sera de partir de mon vécu personnel et d'en faire une histoire toute autre pour me permettre d'explorer, de comprendre, sans que ça soit moi. C'est là où la fiction rencontre l'écriture-thérapie. Vae soli, également fanfiction Harry Potter, a été la première fiction thérapie pour moi. Elle m'a permis d'explorer mes parts d'ombre.

C.B. : Selon toi, est-ce qu'un-e écrivain doit lire beaucoup pour être bon-ne ?

S.E. : Déjà, qu'est-ce que ça signifie "beaucoup" ? Je ne sais pas. Par contre, lire, c'est important, oui. Pour se nourrir, s'inspirer. Pour savoir ce que l'on aime et ce que l'on n'aime pas rire, pour savoir ce que nous-mêmes on veut écrire. Je ne vois vraiment pas comment faire sans, l'art inspire l'art, pour la musique, c'est la même chose pour moi, même si je ne voudrais pas forcément jouer du metal (rires) et que j'ai appris à apprécier la musique classique en jouant des morceaux classiques.

C.B. : Si je te dis​ "forêt", "cerf", "couteau" et "chalet", quelle histoire te vient en tête ?

S.E. : La première image qui me vient, c'est de la chasse, et ça me dégoûte pas mal en tant que végétarien tentant d'être vegan (grimace). Mais en tout cas, ça m'évoque un homme reclus dans la forêt, qui découpe sa proie du jour, à savoir le fameux cerf.

C.B. : Est-ce qu'à l'image de cet homme reclus, tu préfères travailler seul ou tu préfères être accompagné ?

S.E. :  Je préfère écrire seul. Je ne me verrai pas écrire à quatre mains, par exemple. Mais de là à travailler seul, non. J'ai besoin de partager mes idées et mon excitation, et j'ai besoin de confronter mes écrits à des regards extérieurs aussi, pour voir si mes objectifs de transmission sont atteints. Fut un temps où j'avais plusieurs personnes pour me relire chapitre par chapitre, au fur et à mesure de l'écriture. Maintenant, c'est un peu différent avec les vies chargées de tout-e un-e chacun-e, mais c'est toujours important pour moi de savoir comment mes écrits sont perçus, et ça fait partie du travail d'écriture.

C.B. : Pour toi, comment accompagner correctement un-e auteur-trice en devenir ?

S.E. : Mon côté assistant social à tendance à dire qu'il faut d'abord rejoindre l'auteur-trice là où iel se trouve. Quelles sont ses envies, ses objectifs ? Quelles sont ses compétences et ses difficultés ? Et quels sont ses potentiels ? J'ai été relu par plusieurs personnes et j'ai relu plusieurs personnes, et tout le monde est différent. J'ai du mal à travailler avec des personnes qui n'ont pas envie d'évoluer. Et inversement, j'ai besoin d'être poussé dans mes retranchements. Dans mes ami-e-s auteur-trice-s, il y a autant des personnes qui, comme moi, ont besoin qu'on aille chercher les détails qui chipotent et qui fâchent, que des amoureux-ses de la douceur qui ont besoin d'autant d'amour que ce qu'iels en écrivent... Après, personnellement, mon fonctionnement d'accompagnateur, c'est d'aller chercher les émotions. Celles que l'on ressent, celles que l'on écrit et celles que l'on veut transmettre. C'est la base de tout, c'est la base de la vie.

C.B. : Est-ce que tu aspires à être écrivain à temps plein à l'avenir ?

S.E.: C'est mon rêve de gosse. Je ne le mets pas totalement de côté, qui sait de quoi l'avenir sera fait ? Ce dont je suis certain en tout cas, c'est que d'une part, j'ai besoin que l'écriture fasse partie de ma vie, et la création de mon entreprise d'écriture-thérapie ne vient pas de nulle part non plus, c'est un désir profond que l'écriture soit présente dans mon quotidien ; et d'autre part, c'est que je continuerai à écrire des histoires. J'essaierai de les publier, j'espère qu'elles auront leur succès, et si ça me rapporte suffisamment pour en vivre, tant mieux. Si pas, ça ne m'enlèvera en rien le plaisir d'en vivre émotionnellement.

C.B. : As-tu des idées pour des prochains livres ? 

S.E. : Pour l'instant, j'ai surtout comme projet de reprendre mon premier jet de Un mariage. Ca me prendra déjà beaucoup de temps, et ça m'amènera au-delà de 2024, c'est certain. Mais des idées, j'en ai toujours. J'ai un document word dans lequel je les inscris, sans savoir si elles seront porteuses. Le prochain roman ou la prochaine fanfiction est sans doute là, mais quant à savoir lequel ou laquelle ce sera...

C.B. : Un mot de la fin, un-e auteur-trice qui t'inspire peut-être ? 

S.E. : Lisez Rose Malefoy sur le site fanfiction. Cette autrice est incroyable, elle a changé ma vie en la bouleversant de la belle des manières.

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